Je suis quelqu'un d'assez superstitieux. Du genre quand je dis "c'est bon, il peut rien m'arriver de pire", je fais la liste de tout ce qui pourrait quand même arriver de pire, histoire de... Mardi, j'ai dit "c'est bon, il ne peut rien m'arriver de pire. J'ai pas rajouté sauf...

Ma mère m'a appelée y a 45 mn. De son portable. Elle ne s'en sert jamais... "Camille,j'ai une mauvaise nouvelle". Ma grand-mère est dans le coma, on ne sait pas ce qu'il s'est passé. Sa femme de ménage l'a retrouvée assise à la table de sa cuisine, catatonique. Je n'en sais pas plus pour le moment mais mes parents ne sont pas optimistes du tout. Elle ne voulait pas qu'on s'acharne, elle allait avoir 88 ans cette année, elle avait survécu à un cancer du sein, elle avait un coeur de jeune fille. Elle a. Enfin, sur le coup, j'ai pas percuté, je suis restée de glace. Maintenant, je commence à m'écrouler. Sur le coup, j'ai eu le réflexe de penser que c'était pas grave, que c'était juste un hématome cérébral, il se résorbe et tout va mieux. Là, je sais plus. J'ai envie de pleurer, je suis perplexe.

Putain, je m'en veux en plus. Parce que la semaine dernière, j'ai vu un superbe ordinateur et j'ai dit pour rigoler "avec l'héritage de ma grand-mère, je pourrais me le payer, ahahah!". Parce que j'ai imaginé qu'avec cet héritage, je changerais d'appart pour un mieux. Mais ça ne voulait rien dire pour moi. Ma grand-mère, je la vois comme une force de la nature, indestructible. Elle a survécu plus de 20 ans à mon grand-père, elle disait toujours qu'elle n'avait qu'une hâte, c'était de le rejoindre mais elle vivait sa vie, bon an mal an. Si elle doit mourir, ce sera sans doute une délivrance pour elle, elle avait de plus en plus de mal à bouger ou à faire quoi que ce soit... Mais j'arrive pas à croire que ma grand-mère puisse mourir.

Bon, bref article pour dire que ça va mieux, merci. Non pas que j'ai trouvé du boulot ou que le Ténébreux ait réapparu, naaaaaaaaaaaan ! Juste que je fais contre mauvaise fortune, bon coeur.

Boulot : je trouverai pas en ne cherchant pas donc je lâche pas la pression même si en ce moment, aucune annonce ne me correspond, ni de près ni de loin. Mais bon, c'est pas une raison pour ne rien foutre donc je m'active, j'essaie de voir le positif, de faire ma mystique et tout ça. Genre "l'an dernier, c'est fin mars que j'ai trouvé du taff et sans le faire exprès en plus". Non parce que 2007, c'est un peu 2006 en pire, quand même.

"Amour" : enfin, mecs, quoi. Bon, me suis pas décidée à envoyer valser le Ténébreux, je suis un peu curieuse de voir combien de temps il peut tenir sans me donner de nouvelles. Non parce que je crois encore qu'il va m'en donner, c'est beau la naïveté. De toute façon, le Mannequin m'a appris hier qu'il était célibataire, comme ça tombe bien... Bon, il est très jeune et il ne veut rien de sérieux mais après tout, j'en ai marre de chercher un truc sérieux, ça marche jamais donc autant partir du principe qu'aucune liaison ne durera plus de 3 semaines et comme ça, ce sera une bonne surprise si je dépasse ce cap manifestement fatidique...De toute façon, elle l'avait dit la voyante que j'aurais d'autreS relationS après Ténébreux... Bon, elle avait aussi dit que je sortirais confiante et requinquée de ma relation avec le Ténébreux et c'est pas vraiment ça. Alors, j'ai réfléchi, hier, elle parlait peut-être de quelqu'un d'autre mais je ne suis amoureuse d'aucun autre mec donc je vois pas qui ça aurait pu être. Bon, comme disait une copine, elle avait "à moitié raison" plutôt qu'à moitié tort donc on peut toujours espérer que les 4 pour le boulot, ça marche toujours. Ouais, désolée mais quand on n'a pas le moral, on se raccroche à ce qu'on peut...

Voilà, sinon... Rien. 

Hier, journée peinarde mémère à base de "j'ai 150 000 articles à écrire". A un moment, je vais voir si j'ai du courrier? Une fois de plus, mon enfoiré de connard de livreur de colis n'a pas sonné et va falloir que j'aille à la Poste chercher mon colis. Je commence vraiment à en avoir ras le cul, il a pas intérêt à ce que je le croise parce que je vais lui dire ce que je pense de sa façon de faire son taff. J'habite pile en face des boîtes aux lettres, qu'il me dise pas qu'il a des soucis d'interphone. S'il peut mettre le papier dans la boîte aux lettres, il peut sonner chez moi. Mais là n'est pas le sujet (juste que ça m'énerve systématiquement).

Parmi mon courrier, il y a une lettre avec l'adresse écrite à la main, un timbre "merci beaucoup". Hein? Qui me remercie? J'ai rien fait qui mérite ça... Je regarde d'où c'est envoyé : de ma ville natale. Alors là, je me perds en conjecture : mais QUI peut me remercier ? Dans cette ville, il n'y a plus que mes parents et ma famille maternelle, ils n'ont qu'à m'appeler pour me remercier. D'ailleurs ma grand-mère l'a fait lundi car je lui avais laissé un message pour la fête des grands-mères (pour une fois que j'y pense...). Bon, fin du suspense, j'ouvre. Et là, c'est un peu la douche froide : une amie du collège qui devait se marier début juin annonce que son mariage est annulé. Elle l'annonce toute seule, elle dit "mon" mariage et pas "notre". Oh bordel, ça sent mauvais, ça non? Du coup, j'ai voulu l'appeler mais je me suis ravisée. Si le mariage est annulé pour cause de rupture amoureuse, je suis pas sûre qu'elle ait envie d'en parler à tout le monde. Je vais peut-être lui envoyer un mail...

Bon, faut dire que ce mariage était curieux. En gros, ils sont militaires tous les deux donc avant même de sortir avec lui, elle m'expliquait qu'ils allaient vite se marier par rapport aux affectations et tout ça... J'avoue que quand je commence à sortir avec un mec, je pense pas de suite, de suite au mariage (de toute façon, je suis pas très mariage). Bon, après, je peux comprendre mais ils sortent ensemble depuis un an et demi, ce mariage me semblait un peu précipité. Maintenant, j'espère qu'ils ont pensé comme moi et se sont contentés de le reporter parce qu'une rupture alors que le mariage est déjà prévu... C'est un peu totalement glauque.  

Ouais, en ce moment, je me triture les neurones, ça fait peur, hein? Mais en fait, c'est une réflexion que j'ai depuis quelques temps et que je soumets ici parce que voilà, j'aime bien exposer mes théories. Prenons une personne, ses amitiés sont-elles révélatrives de ce qu'elle est? Oui, de prime abord, ça me paraît plus qu'évident.

Pour illustrer cette théorie, prenon un exemple au hasard : moi. En août l'an dernier, j'ai donc décidé de changer de vie : assez de déchéance, reprenons nous en main. C'est fou comme à partir de là, beaucoup de gens superficiels ont dégagé de ma vie, que je le veuille ou non, d'ailleurs. Parce que je ne sortais plus jusqu'au bout de la nuit, parce que je ne buvais plus jusqu'à en oublier mon nom. Parce que marre de les voir se complaire dans leur petitesse et croire que parce qu'ils/elles baisent, ce sont les meilleurs éléments de notre société. Moi aussi, je baise, je n'en tire aucune fierté particulière et je n'en fais pas un argument vente sur ma personne, j'ai plein d'autres qualités. Genre je suis drôle et un minimum cultivée (et teeeeeeeeeeellement modeste). Bref, en refusant de continuer sur cette voie, beaucoup de gens se sont détournés de moi ou j'en ai viré certain(e)s parce que l'hypocrisie, ça me lourde. 

Du coup, j'ai de nouveaux amis. Ou plutôt nouvelles parce que ce sont quasi que des filles. En ce moment, je vois beaucoup Marine (bon, ce n'est pas une nouveauté, je la connaissais avant), la Bretonne, que j'ai revue hier et Soleil, une copine au chômage comme moi avec qui je suis allée voir Doisneau à l'Hôtel de Ville. Et Doisneau, c'est un peu un modèle pour moi. Mon entourage se féminise fortement mais toutes ont un point commun : elles sont calmes. Elles vivent leur vie sans sortir jusqu'au bout de la nuit, sans se détruire, sans boire... Ca les empêche pas d'avoir une vie amoureuse pour la plupart, elles ne sont pas du tout coincées. Juste qu'elles s'assument sans se détruire et putain, ça fait vraiment du bien. Mardi, je suis allée boire du thé avec Soleil, à la pizzeria avec Marine et hier, suis allée boire un browniccino avec la Bretonne. Quelle bande de rebelles nous sommes.

Mais au fond, je me sens plus(ssssssssss) moi qu'avant, plus en phase. La Camille "j'me bourre la gueule", ce n'était pas moi, plus une crise d'identité, on dira. Mais qu'est-ce que ça fait du bien de récupérer ses charentaises. De se regarder dans la glace sans avoir la nausée, ne pas avoir le blues la nuit parce qu'on est une sombre merde et tout ça. Bref, j'ai repris les manettes et tout se remet en place de façon logique. C'est rassurant pour la suite. 

Hier, j'ai eu droit à un déjeuner familial avec ma soeur et mon chéri chez le frère de ma grand-mère (mon grand oncle, donc). C'est une partie de ma famille que je connais pas trop. Du côté de mon père, on est pas super famille, faut dire que j'aime pas ma grand-mère. Elle est méchante, vraiment. Son frère, il est plus gentil, je l'aime bien même si je l'ai trouvé fatigué, hier. Sa femme est un peu à côté de la plaque depuis toujours mais elle est gentille aussi.

Donc nous voilà chez eux. Petit apéro, repas pas si mal (ma grande-tante est mauvaise cuisinière et, en général, on n'en a pas assez mais là, ça allait), café, le classique. On apprend des trucs sur mon papa petit, on voit même des photos où il pleure toutes les larmes de son corps (il était bébé, hein). Ils arrêtent pas d'appeler ma mamie par son surnom de petite fille, ça me donne furieusement envie de rire parce que bon, ma grand-mère, c'est pas une marrante mais alors pas du tout. On parle aussi généalogie, je ré-apprends que j'ai de la famille en Russie, à St Petersbourg. Même qu'il paraît que la villa qui héberge les archives de la ville appartenait à ma famille. C'est quand même la classe. Bon, moi, j'ai pas de sang russe puisque mes descendants partis en Russie sont pas revenus mais c'est quand même la classe.Je vais pouvoir la ramener avec ça.

Mais c'est vrai que ce repas, c'est aussi se confronter à la vieillesse, à la fatigue que ça engendre, aux maladresses... La vieillesse me met toujours un peu mal à l'aise, j'avoue, ça me fait penser à ce que je vivrai un jour aussi, normalement. Mais bon, d'un autre côté, j'aime bien l'impression que ce sont mes grands-parents. Déjà, des grands-pères, je n'en ai pas, ils sont morts tous les deux, j'ai très peu d'hommes dans ma famille, en fait : pas de grands-pères, deux oncles pour 4 tantes... Ca change! :)